En date du 23 juillet 2020 Le MSPLS avec l’appui de l’APEFE a organisé au grand séminaire Saint Jean Paul II, un atelier de de sensibilisation sur la prévention des incapacités et handicaps moteurs liés aux Accident de la Voie Publique (AVP).
Dans cet atelier, les participants les plus influents dans ce secteur se sont présentés. 70 personnes étaient présentes lors de cet atelier ; Il s’agit :
- des acteurs de la sécurité routière au Burundi ;
- des spécialistes de la prise en charge d’urgence, des soins curatifs et des soins réadaptatifs pour les victimes des AVP ;
- des représentants du MSPLS, du Ministère de l’éducation, du Ministère des transports, du Ministère de la solidarité ;
- des associations de la société civile qui représentaient les principaux acteurs de la sécurité routière au Burundi
Les débats se sont déroulés essentiellement en Kirundi pour une meilleure assimilation par l’ensemble des participants. La journée de sensibilisation a été introduite par Dr Chloé NDAYIKUNDA, Directrice Générale des Services de Santé et de la Lutte contre le Sida. Tout au long de la journée, les débats ont été animés par Mr Gervais SINZOTUMA, représentant les services IEC du MSPLS.
Les débats ont été nourris par des conférences présentées par 5 experts concernés par la prévention des AVP et par la prise en charge de leurs conséquences :
1. Mr Sébastien PILOTE – Officier de police en retraite, spécialiste du code de la route et de la prévention des AVP
2. Dr Désiré HABONIMANA – Médecin à la Croix-Rouge du Burundi – maitre formateur en premiers secours
3. Dr Vénérand BARENDEGERE – Chirurgien orthopédiste à l’Hôpital militaire de Kamenge
4. Prof. Alexis SINZAKARAYE – Médecin spécialiste en MPR – directeur du CNRKR de Bujumbura
5. Mr Longin NDUWIMANA – Kinésithérapeute-chef au CNRKR de Bujumbura
A l’ordre du jour figuraient les points ci-après :
1. Exposé sur la réalité des accidents de la route au Burundi et les facteurs qui augmentent les risques d’être victime d’un AVP - Mr Sébastien PILOTE;
2. Les premiers secours en cas d’accident de la voie publique - Dr Désiré HABONIMANA;
3. Exposé sur les soins curatifs que doivent recevoir les victimes des accidents de la route avant la phase de soins réadaptatifs - Dr Vénérand BARENDEGERE ;
4. Exposé sur l’importance des soins réadaptatifs que doivent recevoir les victimes des accidents de la route en complément aux soins curatifs – Prof. Alexis SINZAKARAYE ;
5. Exposé sur les soins de rééducation fonctionnelle après AVP au Burundi – Longin NDUWIMANA
Le conférencier Mr Sébastien Pilote a exposé l’état des lieux des AVP au Burundi tout en donnant les principales causes des accidents de la voie publique, les chiffres en rapport avec les personnes mortes suite aux AVP et celles qui restent incapables ou handicapées le reste de leur vie.
L’exposé a permis de mettre en évidence les facteurs à l’origine de l’augmentation des AVP dans les prochaines années et de recueillir les propositions de solutions ayant pour but la réduction des AVP.
En ce qui concerne les causes des accidents en Afrique de l’Est dont le Burundi fait partie, 76 % des AVP dépendent de mauvais comportement des chauffeurs qui ne respectent pas le code de la route, 80% du mauvais état des véhicules et 16 % de l’environnement dont l’état des routes.
Au Burundi, les accidents de la voie publique sont la neuvième cause de mortalité. Les catégories les plus vulnérables sont les piétons à 26%, les cyclistes à 28%, les clients de transport en commun à 29% et les accidentés dont la catégorie n’a pas été précisée à 17%.
Le Docteur Désiré HABONIMANA, coordinateur du projet premier secours et maître-formateur de la Croix-Rouge du Burundi a enchainé avec son exposé portant sur les premiers secours après les AVP. Il a insisté sur les Actions immédiates que devrait poser toute personne qui arrive en premier au lieu de l’accident de roulage à savoir :
- Sécurisez les lieux ;
- Evaluez l’état de la victime ;
- Cherchez de l’aide ;
- Donnez les premiers secours;
- Evacuer.
Il propose de tenir avec un morceau d’étoffe la partie blessée en cas d’hémorragie grave, faire un tri et une classification face aux afflux de blessés et ne pas secourir en premier ceux qui crient plus que les autres parce que ce ne sont pas nécessairement ceux qui souffrent plus que les autres.
Il a ajouté qu’il faut agir rapidement quand on est au lieu d’accident et demander de l’aide au 113 pour la protection civil ou 109 à la croix rouge du Burundi.
Le Dr Vénérand BARENDEGERE est revenu sur l’ampleur des AVP, les principales victimes à savoir les piétons et les motards, les causes des AVP : les AVP à l’intérieur du pays sont plus mortels qu’en ville. En effet ; après l’AVP, les soins en chirurgie sont concentrés à Bujumbura car les 45 hôpitaux dont dispose le Burundi ne peuvent tous avoir des chirurgiens.
Un autre problème est lié au faible pouvoir d’achat de la population confrontée au coût élevé des soins en chirurgie. Il propose une réorganisation de la prise en charge des AVP ; en particulier développer un système de soins pré-hospitalier ce qui va dans le même sens que l’intervention du conférencier précédent)
Quant à Pr Alexis SINZAKARAYE, il a souligné après une explication théorique des concepts clés les principes fondamentaux de la MPR "La MPR s'adresse à des personnes présentant une ou plusieurs déficiences (ex : post-traumatique par AVP) dans l’optique d’une :
- Dispensation de soins en vue de la meilleure récupération fonctionnelle (rendre la personne capable d’effectuer les activités quotidiennes normales) ;
- Élaboration des adaptations nécessaires à la meilleure réinsertion sociale (rendre à la personne le plus possible de capacité à participer à la vie sociale, familiale, professionnelle , ….
La MPR s’occupe de la rééducation (rendre capable d’effectuer les activités normale) et de la réadaptation (donner les moyens de participer à la vie sociale normale).
Celle-ci doit être :
- Compatible avec les besoins et les désirs des sujets et de leur famille ;
- s’étendre sur toute la durée de la prise en charge du patient : de la phase aiguë à la phase de réinsertion ;
- participer à la Prévention.
Il rappelle les principaux intervenants en MPR
Il a souligné l’intérêt de la MPR en période Post AVP
Il a mentionné les lésions traumatiques consécutives aux AVP en MPR
Dans sa conclusion ; le Dr Alexis a rappelé que les soins de MPR sont indispensables en cas d’AVP (post opératoire ou orthopédique,…) et en cas de traitement des déficiences /limitations d’activités. Si la limitation d’activité persiste, la réadaptation est incontournable pour acquérir une autonomie. En définitive, la finalité est une meilleure réinsertion socioprofessionnelle.
L’exposé de Mr Longin NDUWIMANA est venu en complément de celui du Dr Alexis pour parler de la kinésithérapie et des types de lésions après AVP et enfin de la rééducation du patient après AVP pour terminer par une conclusion.
Longin est revenu sur l’objectif thérapeutique de la kinésithérapie à savoir :
- Lutter contre la douleur ;
- Lutter contre les raideurs articulaires ;
- Renforcer les muscles faibles ;
- Redonner aux patients ses capacités à l’effort ;
- Redonner la fonctionnalité au corps ;
- Rendre au patient son autonomie dans la vie sociale, familiale et professionnelle.
Dans sa conclusion, il précise que les AVP constituent un problème de santé publique majeur car ils occasionnent beaucoup de blessés et de morts et ce sont surtout les sujets jeunes qui sont plus touchés. La prise en charge durant la période de traitement kiné (en ambulatoire) est importante et coûteuse. Pour y remédier, la prévention par le biais d’une sensibilisation des autorités de l’Etat, des corps chargés de la sécurité routière et médical, de la population générale et des usagers de la route.
Après ces exposés très fouillés, la séance des échanges a repris. Le recueillement au sujet des dangers et du cout que provoquent les AVP a amené les participants à insister sur la limitation des vitesses, le respect de tous les usagers de la route entre eux, pour réduire les AVP.
En cas d’accident, ils ont fait remarquer que les assurances n’interviennent pas à temps pour supporter les accidentés et ils proposent donc qu’il ait un fond qui serait créé pour les supporter. Le représentant de l’INSS a par contre affirmé qu’elle accompagne ces cas et il a interpellé les organisations à se faire assurer pour bénéficier de ces assistances. Il a été suggéré de porter les messages issus de cet atelier auprès des autorités de prise de décision concernées au premier plan pour que les recommandations puissent être prises en compte.
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